Sélection littéraire

La vie après Daesh

Éditions de l’atelier
182 pages – 15 €

Nadia sillonne la France, avec son équipe pour aller à la rencontre de familles dont le neveu, le fils, la fille, un ami, a été happé par le discours de Daesh et a tout quitté pour partir en Syrie. Objectif : faire retrouver à ces jeunes leur identité, les sortir de l’emprise djihadiste.

 « Daesh a réussi à les déshumaniser, leur conviction est séparée de leur émotion » explique Nadia, qui souligne « les jeunes embrigadés ne s’émeuvent plus de la mort, ils ne sont plus qu’un symbole sacrifié pour servir l’idéologie de Daesh ». Ce livre donne la parole à ces jeunes radicalisés. Certains ont été stoppés à la frontière turque, d’autres partis en Syrie ont réussi à s’enfuir et à revenir. Ils racontent comment Daesh les a coupés du monde. « Au départ, je ne voulais pas du tout tuer… Au contraire, je voulais sauver la vie des enfants gazés par Bachar al-Assad. Et puis de fil en aiguille, ils t’apprennent à te méfier de tout le monde et tu as envie d’éliminer tous ces ennemis invisibles qui veulent t’empêcher d’accomplir ta mission » révèle Chaïda. De témoignage en témoignage, c’est tout le processus d’embrigadement via Internet et les réseaux sociaux qui surgit. « La guerre renforce l’esprit de fin du monde. On vous promet de sauver l’âme de vos parents, de vous battre pour un monde meilleur, de trouver la terre promise, sans vices, où tout le monde est solidaire » explique Nadia, qui donne aussi des clefs pour sortir de l’enfer. Dans ce livre, Dounia Bouzar met en scène une réalité qu’elle connait bien puisqu’elle est aujourd’hui mandatée par le ministère de l’Intérieur pour transmettre sa méthode de désembrigadement aux cellules anti-radicalité des préfectures. À lire absolument.

Revue
Critica Masonica
N° 8 – janvier 2016
Rédacteur en chef : Jean-Pierre Bacot
Revue semestrielle éditée par « les amis de Critica »
232 pages – 20 €

Dans son numéro de janvier, la revue Critica Masonica propose une édition spéciale extrême droite et ésotérisme – Retour sur un couple toxique. La rédaction de ce numéro a été entièrement confiée à Stéphane François, historien des idées et politologue français, spécialiste des mouvements radicaux, et auteur de A droite de l’acacia, paru aux éditions de la Hutte. C’est tout d’abord la question de l’ésotérisme qui est abordée, avec une mise au point sur la définition du terme, trop souvent amalgamée avec celle de l’occultisme. « Ésotérisme » renvoie à une métaphysique qui s’inscrit dans un contexte historique et discursif particulier ; « occultisme » à son aspect pratique (comme la numérologie, l’étude de la Kabbale, l’astrologie ou l’alchimie), théorisé au XIXe siècle par des personnes comme Éliphas Levi ou Papus ; la « tradition » enfin, a la forme d’ésotérisme conceptualisé par Guénon au début du XXe siècle et repris par les traditionalistes. Il existe un ésotérisme d’extrême droite souligne Stéphane François, qui au fil des pages va tenter de répondre aux questions : pourquoi cet intérêt ? Quelles sont les manifestations de cet ésotérisme ?
« Une frange de l’extrême droite a développé un discours ouvertement antimoderne, qui sera incarné par René Guénon et Julius Evola », nous précise l’historien. Chez ces traditionalistes la société ne doit pas s’améliorer, mais préserver ses traditions, ses racines. Il s’agit d’une pensée conservatrice, antilumières. « Guénon considérait toute évolution politique et sociale comme une manifestation de la décadence moderne. » poursuit l’historien, qui affine son propos en analysant les liens entre franc-maçonnerie et extrême droite, deux termes apparemment inconciliables, tant prédomine dans les esprits le discours né au XIXe siècle sur le complot judéomaçonnique. Est-ce si sur ? « Il existe quelques loges maçonniques d’extrême droite, au discours réactionnaire sur le plan des mœurs et faisant l’éloge de la hiérarchisation, les loges servant à recruter et à former une nouvelle élite intellectuelle et spirituelle. Ces loges, souvent irrégulières et/ou issues d’obédiences marginales ultraconservatrices, cherchent à maintenir la « Tradition », abandonnée par les loges « révolutionnarisées », ainsi qu’un élitisme spirituel et moral contre le délitement du monde contemporain. » Peut-on encore parler de franc-maçonnerie ? Un numéro percutant, ouvrant un champ de réflexion peu exploré, mais qui mérité d’être porté à connaissance. 

Essai
La franc-maçonnerie swedenborgienne
De Serge Caillet

Éditions de la Tarente
214 pages – 20 €
Dans les années 1900, en plein essor du spiritisme et de l’occultisme, se distingue une loge parisienne, INRI, travaillant au rite primitif et originel ou rite swedenborgien. Ce rite est alors pratiqué en marge de l’Ordre martiniste, dont le grand-maître en France n’est autre que le docteur Gérard Enkausse, plus connu sous le nom de Papus. Mais alors, quel lien entre Papus et Emmanuel Swendenborg, un suédois né au XVIIIe siècle, et qui nous révèle l’auteur, n’a jamais été franc-maçon, mais qui aura une influence sur l’illuminisme et inspirera le nom d’un rite ?! C’est cette formidable aventure que nous livre ici Serge Caillet, avec la parution inédite en Français des rituels du rite primitif et originel, traduits de l’anglais par un occultiste Téder (Henri-Charles Détré) il y a un siècle, d’après un manuscrit conservé à la bibliothèque municipale de Lyon. Un ouvrage qui lève un coin de voile sur une maçonnerie peu connue.

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