Les francs-maçons de Nouvelle-Calédonie n’aspirent pas au repos. En effet, du premier au 3 juillet ont eu lieu les Journées Inter Obédientielles de Nouvelle-Calédonie (JIONC). Des sœurs et des frères de différents horizons maçonniques se sont retrouvés lors de tenues communes. À l’ordre du jour, lecture des synthèses sur des questions relatives à la société calédonienne. Rencontre avec Alain Signor de la Loge Lumière des Iles à l’Orient de Nouméa, l’un des organisateurs de cet événement.
Propose recueillis par Patrick Gasser
Franc-maçonnerie magazine : Qu’est-ce qui a poussé les francs-maçons de Nouvelle-Calédonie à organiser ces Journées ?
Alain Signor : Le nombre de loges toutes obédiences confondues devient très important. L’effet pervers de cette multiplication souhaitée est qu’il rend difficile une connaissance de chacun et il nous faut, ici, rassembler ce qui est épars. Nous avons tous des préoccupations communes, les Journées sont l’occasion, pendant leur préparation et durant leur déroulement de resserrer les liens qui nous unissent par un travail de rédaction et d’échanges communs.
FMM : Quelles sont les obédiences représentées ?
AS : Le Grand Orient de France, bien sûr, mais également le Droit Humain, la Grande Loge Féminine de France, et la Grande Loge Féminine de Memphis-Misraïm. Nous avons ainsi pu proposer à tous les maçons des tenues au Rite Français, au Rite Ecossais Ancien Accepté ainsi qu’au Rite de Memphis-Misraïm. Pour beaucoup c’était une découverte.
FMM : À la lecture des synthèses, la question de la place des Océaniens en franc-maçonnerie, et notamment des Kanaks, est souvent relatée. Qu’en est-il vraiment ?
AS : La franc-maçonnerie a, dès son implantation été un phénomène essentiellement urbain. Les loges se sont développées dans les villes, grandes ou petites. Les Kanaks sont plutôt ruraux. On commence à voir en loge des Kanaks, la plupart du temps de la fonction publique. Il y a peut-être du côté des loges un syndrome de l’ordre de la tribu qui peut brouiller les cartes d’éventuels postulants. Enfin, last but not least, les Kanaks, très croyants ont également été mis en garde contre les francs-maçons par les missions religieuses. Récemment encore, un film antimaçonnique circulait dans les paroisses du grand Nouméa.
FMM : Les institutions calédoniennes sont-elles concernées par ces Journées ?
AS : Les institutions calédoniennes sont informées de l’existence de ces Journées et après chaque session, elles sont destinataires des Actes édités à leur issue, tout comme les parlementaires, les syndicats et le monde associatif. Nous semons et parfois nous récoltons.
FMM : La Nouvelle-Calédonie va bientôt connaître des échéances électorales majeures avec le référendum sur l’accès à la pleine souveraineté en 2018. La franc-maçonnerie a-t-elle un rôle à jouer sur l’« Après-accord de Nouméa » ?
AS : Depuis les accords de Matignon-Oudinot en 1988 à celui de Nouméa en 1998, la franc-maçonnerie a toujours été présente là où il s’agissait d’apaiser les tensions et de trouver des solutions viables pour que les Calédoniens vivent en harmonie. Travailler à la concorde universelle, n’est-ce pas en quelque sorte notre « cœur de métier » ? 2018 et après ? Le temps ne s’arrêtera pas après le référendum, les Kanaks et les Calédoniens blancs, métis arabes, japonais, indochinois, indonésiens, et autres zoreilles seront toujours là, et nous aussi ! Nous travaillons dès maintenant – et dès avant aussi – à ce que toutes ces communautés forment une entité fraternelle quel que soit le devenir institutionnel du pays. L’indépendance ne doit pas faire peur, pas plus que le maintien dans la France ; une très large autonomie est déjà actée dans l’accord de Nouméa et dans la loi constitutionalisée qui en est issue. Qu’elle entre pleinement en œuvre.
Pour en savoir plus :
Le site des journées interobédientielles de Nouvelle-Calédonie :
www.lesjionc.com
