Culture

En passant par les vignes lorraines

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C’est dans la bonne ville lorraine de Toul, aujourd’hui en Meurthe-et-Moselle, que Pierre Choderlos de Laclos, alors jeune officier d’artillerie âge de 22 ans, fut initié à la loge L’Union.

La fin de la guerre de Sept Ans contraignit le jeune sous-lieutenant à renoncer pour un temps à ses rêves de gloire militaire et c’est dans la sociabilité d’une loge militaire qu’il trouva, durant deux ans, le moyen de rompre la monotonie d’une vie de garnison. Pour autant, celui dont la gloire fut moins militaire que littéraire ne renonça pas à poursuivre une « carrière » maçonnique somme toute réussie. Devenu vénérable de la loge parisienne Henri IV en 1776, l’auteur des Liaisons dangereuses entreprit de créer son propre chapitre sous le nom de La Candeur.
Nul ne doute que lors de son séjour à Toul, l’écrivain trompa son ennui et chercha peut-être l’inspiration dans la douce euphorie des vins locaux, alors en vue à la cour de Nancy où le roi Stanislas de Pologne, fait duc de Lorraine par Louis XV avait vivement encouragé la production.
C’est dans la première moitié du XIXe siècle que ce vignoble des pentes méridionales de la Moselle connut son apogée, avant de succomber à l’assaut conjugué du phylloxéra et de la concurrence des vins du Midi. Il fallut toute l’opiniâtreté d’une petite vingtaine de producteurs pour maintenir une production reconnue par le label AOC sous le nom de Côtes de Toul. Son fleuron, le « Gris de Toul » est produit à partir d’un assemblage de Gamay et de Pinot gris, connus pour donner juste ce qu’il faut de couleur pour que le produit de leur pressurage donne cette tinte originale qui s’intercale entre le blanc et le rosé. Peu connus des Français, et quelque peu boudés par les Lorrains, ces vins s’exportent bien et connaissent un certain succès outre Atlantique.
Et puisque nous passons par la Lorraine, plus réputée, il est vrai, pour sa mirabelle que pour ses vins, profitons-en aussi pour parler des vins de Moselle AOC, produits sur dix-huit communes des environs de Metz, de Vic-sur-Seille et de Sierck-les-Bains, à la frontière luxembourgeoise. Au pinot et au gamay en rouge et rosé s’ajoutent des vins blancs issus du Muller-Thurgau et de l’Auxerrois. Là aussi, la rareté, pour ne pas dire la curiosité est le principal charme d’une production qui ne démérite pas dans le souci de préserver un patrimoine qui fait, avec la charcuterie fumée, les tourtes, les pâtés en croute, les fromages et les eaux de vie, le charme autant que l’orgueil d’une Lorraine où l’on peut ne pas faire que passer.

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