Culture

Les origines de l’épée flamboyante

Illustration : Gravure allemande de la chute d’Adam accompagnée de la représentation de l’épée flamboyante dans Ars Quatuor Coronatorum n° 6.

D’où vient en effet cette épée ondulée que l’on retrouve à l’Orient ? 

Depuis la Renaissance ce genre d’épée existait en Europe, mais généralement « à deux mains » comme les flamberges. Et c’est ce type d’épée qu’utilisait Renaud de Montauban dans sa chanson de geste (que les passionnés d’Histoire de la fondation du grade de Maître connaissent). Mais laissons l’anecdote… 
Une analyse méticuleuse des textes anciens révèle que l’épée flamboyante ne figurait pas dans les premiers rituels du Rite Écossais Ancien et Accepté. Il faudra attendre 1860 pour qu’elle apparaisse enfin dans le tuileur de Ragon.
En revanche, on en trouve une représentation dans une gravure du 3e grade du Régulateur du maçon au rite français des Modernes ! Il s’agit en fait d’une tradition anglaise représentant « the sword of State », l’autorité absolue du Roi britannique sur ses sujets. Au détail près que cette épée royale n’était pas flamboyante. Alors, d’où peut provenir cette forme ? Une chanson du Député Grand Maître Nathaniel Blackerby de 1729 (citée par Shawn Eyer dans A Dissertation upon Masonry, 1734 with Commentary and Notes) vient nous éclairer : « Certains contre notre Fraternité s’insurgeront/ Parce que nous cachons si bien nos secrets/ Et maudissons le Siècle avec l’épée flamboyante/ Qui empêche les oreilles indiscrètes d’atteindre le Mots du Maçon ». Dans ce texte, l’épée flamboyante n’est probablement que symbolique, et fait référence à celle qui garde le jardin d’Éden après la chute d’Adam (genèse 3 : 24). Mais alors : comment cette épée flamboyante est-elle arrivée à l’Orient ? La réponse est donnée en 1764 par Laurence Dermott dans son Ahiman Rezon. L’auteur s’y insurge contre une dépense réalisée par deux frères de la Dundee Lodge, N°. 9, à Wapping : « Il y a maintenant dans mon quartier une grande pièce de ferronnerie, ornée de feuillages, peinte et dorée (le tout à une dépense incroyable), et placée devant la chaise du Maître, avec une épée gigantesque fixée dedans, pendant la Communication aux membres, chose contraire à toutes les règles privées et publiques de la Maçonnerie, tous les instruments de guerre et d’effusion de sang étant confinés à la porte de la Loge, depuis le jour où l’épée flamboyante fut placée à l’est du jardin d’Éden, jusqu’au jour où le sagace moderne plaça sa grande épée d’État au milieu de sa Loge. ». Malgré l’indignation de Dermott, la présence de l’épée flamboyante fit si grand effet, qu’elle fut copiée par de nombreuses loges. On en trouve ainsi une représentation dans l’Ars Quatuor Coronatorum n° 6 de 1893.
Pour aller plus loin : https://scholar.harvard.edu/files/seyer/files/eyer_1734_disseration_upon...
http://www.themasonictrowel.com/Articles/History/other_files/the_craft_i...
https://drive.google.com/file/d/1PRq1vLL4AQeeHDFLezveOfd_fYT2lyoP/view

 

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