Culture

Qui dit Pâques dit chocolat !

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De la légende précolombienne à l’arrivée du chocolat en Espagne à la fin du XVIe siècle grâce à Christophe Colomb, puis en France comme boisson réservée aux rois (Charles Quint en tête) et aux nobles, comme nous l’a abondamment rapporté la marquise de Sévigné, le chocolat se solidifia au XIXe siècle. Il aura en tout cas fallu plusieurs siècles pour qu’il se métamorphose en de nombreuses déclinaisons et devienne la friandise mythique et rituelle des fêtes de Pâques, d’abord sous forme de certains animaux, puis sous les formes les plus inattendues chez les confiseurs.

Selon la légende, c’est Quetzalcoat, dit « le serpent à plumes », roi sacré toltèque du Mexique précolombien et jardinier du paradis, qui aurait enseigné aux hommes comment utiliser le cacaoyer. La classe dirigeante des Toltèques buvait déjà du xocoalt, breuvage complexe et amer (à base de cacao, de farine de maïs et de poivre) qui servait tout à la fois de boisson, d’offrande rituelle, d’aphrodisiaque, de médicament et de drogue. Toutefois, ce sont probablement les Indiens Mayas qui cultivèrent les premières plantations de cacaoyers dans le Yucatan, vers l’an 600. Ce peuple prélevait d’ailleurs de lourds tributs sous forme de fèves de cacao alors baptisées amandes pécuniaires, car elles servaient de monnaie, contribuant à les répandre chez les peuples voisins avec lesquels ils commerçaient. Mais il fallut attendre les Aztèques pour que le cacao (cacahualt) quitte le flou de la légende pour entrer dans l’histoire.
Peu à peu, des procédés techniques permirent de le stabiliser sous forme solide. C’est ainsi qu’un certain Jean-Antoine-Brutus Menier, pharmacien spécialisé dans les poudres et farines, eut l’idée au XIXe siècle (en 1836), de le vendre sous forme de tablettes de six barres semi-cylindriques enveloppées dans du papier jaune. Il fut donc d’abord vendu en pharmacie et fit rapidement un malheur. Mais il coûtait cher et seuls les riches y avaient accès. Ainsi, en Quercy, les enfants de notables partaient à l’école avec du chocolat dans leur cartable pour le goûter. Tandis que les pauvres enfants de paysans s’en allaient à l’école avec, pour ce même goûter un morceau de pain… et une truffe noire ! L’inversion de la valeur des produits est parfois cocasse…
Plus malléable que la pâte à modeler, le chocolat se révèle particulièrement ludique en pâtisserie. Il se prête à toutes les fantaisies, voire à tous les caprices. Mais véritablement kafkaïen, le chocolat peut encore aller plus loin, notamment à Pâques, où sa matière devient carrément œuvre d’art en sacrifiant au rite des moulages. Polymorphe, le chocolat se fait alors bestiaire à lui tout seul, engendrant poules, lapins, lièvres (animaux très féconds) et petite friture symbolisant la résurrection du Christ. Mais plus « laïquement », ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle, qu’un admirateur de Sarah Bernhardt eut l’idée de lui offrir un œuf géant en chocolat, présent qui, somme toute, en cette époque de fastes et de princes russes, aurait pu ne faire figure que d’œuf Fabergé du pauvre, mais qui, au contraire, eut un tel impact médiatique que les pâtissiers et les confiseurs reprirent bien vite l’idée à leur compte, la pérennisant jusqu’à nos jours !
Nos amis frères ne sont pas en reste puisque c’est à Philippe Suchard, maçon suisse, que l’on doit les fameux rochers du même nom (voir le maçon mystère de notre n° 89), une friandise devenue intemporelle, à Pâques et tous les autres jours de l’année.

 

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