Culture

Un film pour les 300 ans des Constitutions d’Anderson

Scène du film : dans le jardin d'Eden. DR

Dans le sillage de la création de la première Grande Loge de Londres en 1717, le Pasteur James Anderson assisté de Jean-Théophile Desaguliers entreprend de codifier les règles de la franc-maçonnerie. La première édition des Constitutions sortira finalement des presses anglaises en janvier 1723. Considéré comme l’un des textes fondateurs de la franc-maçonnerie spéculative moderne, Les constitutions d’Anderson favoriseront le développement de l’Art Royal en Angleterre et outre-Manche. Dans le cadre des célébrations de cet anniversaire par la Grande Loge Nationale Française, Jean-Luc Leguay, maître enlumineur, issu d’une chaîne de tradition initiatique multiséculaire a réalisé un film d’animation original, mettant en scène le pasteur Anderson. Entretien.

 

 

Hélène Cuny : Qu’est-ce qui vous a motivé dans ce projet ?
Jean-Luc Leguay : Habituellement, je travaille sur papier, sur une surface en deux dimensions. Dans une enluminure, les formes, les couleurs sont en harmonie et font vibrer la lumière. Pour celui ou celle qui la regarde, c’est une invitation au voyage. Dans le film, j’ai mis en scène des enluminures. Comme au théâtre, on place des éclairages, on applique des couleurs, on sculpte l’espace avec les lumières. Et puis, il y a la musique, qui donne une atmosphère particulière. Des morceaux ont été composés tout spécialement pour le projet. C’est fantastique, car cela m’a permis de renouer avec ma première vie, dans laquelle j’étais danseur et chorégraphe. Pendant des années, j’ai monté des décors, placé des projecteurs afin de sublimer les corps des artistes. Ici, l’objectif a été d’entrer dans l’univers du pasteur Anderson.

HC : Penchons-nous un instant sur les Constitutions. Quels passages vous ont le plus inspiré pour faire le film ?
JLL : Dans la première partie des Constitutions le pasteur Anderson cherche à montrer une continuité imaginée entre le roi Salomon, le roi Arthur et tous les souverains d’Écosse et d’Angleterre, afin de prouver l’ancienneté et la légitimité de la franc-maçonnerie. La seconde partie traite des obligations et devoirs des francs-maçons et représente le socle de la franc-maçonnerie moderne, celle que nous connaissons de nos jours. Le film met en scène les deux parties, mais je dois dire que c’est la première, celle qui renvoie aux origines supposées de la franc-maçonnerie qui m’a le plus intéressé. Elle commence ainsi : « Adam notre premier ancêtre créé à l’image de Dieu, le Grand Architecte de l’Univers dut avoir les sciences libérales particulièrement la géométrie, inscrites dans son cœur, car depuis la chute même nous trouvons ses principes de géométrie dans le cœur de ses descendants lesquels principes au cours des temps ont été exposés et combinés en une méthode adéquate. » Pour moi, ces mots sont chargés de sens et ouvrent un univers incroyable !

HC : Quels personnages avez-vous choisi de mettre en scène ?
JLL :
Ils sont au nombre de cinq : Adam, Noé, Phaleg, Moïse et Salomon. Tous les personnages ont d’abord été représentés en enluminures. Les images ont ensuite été scannées puis modélisées. J’ai construit le temple qui figure sur le frontispice des Constitutions. La partie historique est en couleur. La partie Obligations est présentée en noir et blanc comme des gravures animées. On découvre Anderson dans son monastère, dans la solitude de son bureau. Il pense à ce qu’il s’apprête à rédiger. Il déambule jusqu’à la salle des fresques où il rencontre tour à tour Adam, Noé, Salomon et Moïse. 

HC : Vous avez donc laissé libre cours à votre imagination pour représenter certains lieux…
JLL : Oui en effet. C’est le cas par exemple avec le jardin d’Eden et Adam. Comme il est écrit qu’Adam a la géométrie en son cœur, j’ai représenté le jardin de manière totalement architecturale et géométrique. Y figurent des diamants… Adam, androgyne y est tout petit… et le décor flotte dans un univers cosmique. Mais je ne vais pas tout vous raconter… il vous reste à découvrir le film… 

 

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