Culture

Victor Horta, un architecte visionnaire

Jusqu’au 25 novembre, le Musée Belge de la franc-maçonnerie organise un cycle de conférences sur Art nouveau et franc-maçonnerie. Victor Horta est considéré comme le principal pionnier de cette esthétique architecturale à la ligne organique.

 

Quand en 1895 Victor Horta (1861-1947) fit visiter l’Hôtel Tassel  à son collègue Hector Guimard (1867-1942), père des célèbres édicules et entourages du métropolitain parisien, ce fut le coup de foudre de ce dernier pour ce nouveau style mariant harmonieusement la pierre, l’acier, le verre, des courbes, des doubles courbes, des arabesques, des vitraux, de la ferronnerie et des enlacements, au point qu’il modifia complètement la décoration du Castel Béranger, immeuble situé dans le XVIe arrondissement de Paris, classé monument historique en 1992.
L’hôtel Tassel, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO avec trois autres œuvres d’Horta est décrit comme suit : « Avec son élégant bow-window, la façade de cet hôtel particulier reflète par sa composition la disposition spatiale complexe de l’intérieur, mettant l’accent sur les pièces principales. Cette unité de pensée qui se retrouve jusque dans le plus petit détail de la conception de cette luxueuse demeure fait toute l’originalité du génie de son architecte Victor Horta. Celui-ci avait tout juste trente-deux ans lorsqu’il réalisa en 1893 cette œuvre magistrale qui assura sa notoriété et marqua les débuts de l’architecture Art Nouveau en Belgique. »
De retour de Bruxelles, ébloui par son voyage, Hector Guimard écrivit  à Victor Horta : « C’est à nous, architectes, qu’incombe plus particulièrement la tâche de définir, par notre art, l’évolution artistique, mais aussi civilisatrice et scientifique de notre temps. »

L’artiste, le bâtisseur
Dans le quotidien Le Peuple du 3 avril 1899, on lit un article consacré à Victor Horta : « […]  Il n’est pas un bâtisseur, c’est un artiste, il ne combine pas, il crée ; il n’est d’aucune école, il s’est arrogé un genre ; c’est mieux que de l’originalité, c’est de la maîtrise. Son art est de s’harmoniser à la destination de l’œuvre assumée. Il est lui-même ; donc son architecture est révolutionnaire ; il bouscule le classique, il méprise le conventionnel, il dédaigne la tradition. Jamais il ne vise ni au monumental ni au décoratif ; c’est un utilitaire qui, dans la synthèse de sa vision d’ensemble et sollicitude des détails, arrive au beau, à travers les accommodements. »
On compte une quarantaine d’œuvres signées ou co-signées par Victor Horta : hôtels particuliers, maisons, maisons-ateliers, jardin d’enfants, gare, pompe à bras, villa, édifices, tombeaux (sépulture de Désiré Lesaffre à Oudenburg commandée par la Loge Les Amis Philanthropes), pavillon des Passions humaines dans le parc du Cinquantenaire à Bruxelles, édicules, magasins, musées, hôpitaux… 

Victor Horta franc-maçon
Victor Horta franc-maçon, c’est l’histoire d’une relation compliquée. Initié à Bruxelles dans la loge Les Amis Philanthropes en 1888, il rapporte son engagement maçonnique dans ses Mémoires. « J’entrais dans une autre société où dans mon esprit se réunissaient tous les esprits intègres, droits, fraternels, en dehors de tout intérêt personnel. N’était-ce pas un devoir ? J’y allais de grand cœur ; je passais l’examen à l’approbation de futurs amis, frères dès la première rencontre : Tassel, Charbo, Autrique, Hoorickx. Devreese l’était déjà depuis des années sans trahison possible dans ma pensée ! » Horta prend plaisir à fréquenter son atelier : « Oh ! la belle période, comme l’assiduité était belle sans perte de temps : on travaillait un peu plus tard au retour ou l’on ne se couchait pas et tout était dit… À petite cause grands effets, car tout de même une réunion de Maçons n’était pas une association d’architectes ! Mais c’était un repos de l’esprit, une excitation de l’énergie. » 
La belle entente prend pourtant fin lorsqu’il est question de nommer l’architecte à un poste de professeur. Horta refuse la proposition, ne se sentant pas apte à assumer une telle fonction. Devant l’insistance de Tessel, Aurique, Huberti et Charbo insistèrent, il finit par accepter : « L’argument, après de nombreuses palabres, d’en faire au moins l’essai pour le bien que je pouvais en tirer en me faisant connaître dans un nouveau milieu brisa ma résistance. Tout compte fait, après une année ou deux, j’étais maître d’en sortir… Cependant, la place était sollicitée par plus âgé que moi, chacun faisant des démarches de présentation au Conseil Académique représenté par Émile De Mot (1835-1909), bourgmestre de la Ville de Bruxelles, son président… »
La suite relève du suspense : fins des vacances, interminable attente de la nomination, pressions des uns et des autres, Tassel glissa un mot sur l’appartenance de Victor Horta à « la Société où De Mot avait le grade suprême », indignation de celui-ci : « Cher professeur, si votre candidat avait eu le malheur de faire état de ce titre-là, je l’aurais mis poliment à la porte ! » Mis au courant, Victor Horta réagit en gentleman : « Quant au fond, je pensais de même, mes convictions n’ayant rien à voir dans l’affaire, mais néanmoins j’en éprouvais une déception dont jamais plus je ne me relevai. »
Victor Horta poursuivit quand même ses activités maçonniques : « J’y retournai longtemps ; ma parole donnée fut conservée intacte toujours, mais ma confiance en la fraternité était ébranlée pour toujours. Cette société, comme les autres, était aux profiteurs, car De Mot, comme tant d’autres en politique, s’en était évidemment fait un tremplin… Le contact intime était brisé pour toujours et d’autant plus facilement qu’en somme le travail de l’atelier n’imposait aucun secret et que je n’ai jamais pu comprendre la haine, même factice, que l’on avait contre ses membres… D’une pensée altruiste généreuse, je ne portais plus que le poids d’une action inutile… Ce dont toutefois jamais je ne dis mot, mais jamais aussi je ne demandai à pénétrer plus avant, comme c’était l’usage. »

Art nouveau ou art déco ?
Il ne faudrait pas confondre.
La période Art Nouveau s’étend environ de 1880 à 1910 ; elle prône l’utilisation de lignes courbes et fluides avec des ornements complexes.
La période Art Déco court de 1910 à 1939 ; on l’identifie par des formes géométriques et lignes épurées.

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