Paris occulte

De Bertrand Matot
Éditions Parigramme
128 pages – 140 illustrations – 19,90 €

Au XIXe siècle, alors même que l’industrialisation bat son plein et que Paris vit au rythme de la bourgeoisie des affaires, le spiritisme et les arts divinatoires suscitent un engouement démesuré auprès d’un public épris de libertés. « Il se trouve à Paris presque autant de sociétés secrètes que la ville compte de maisons », explique le journaliste Bertrand Matot et d’ajouter « l’opinion publique se passionne pour le spiritisme ». Il y aura Éliphas Lévi, inventeur du mot occultisme, la célèbre voyante Mme Fraya, qui va prédire dès 1914 la victoire de la France, l’alchimiste Jean-Julien Champagne, qui tente de transmuter le plomb en or, Hector Durville célèbre magnétiseur, et bien d’autres… L’auteur nous propose un voyage dans un Paris interlope, à la rencontre de figures méconnues. Loin d’être marginal, l’occultisme devient une source d’inspiration pour les poètes, les romanciers et les peintres, qui y voient le moyen d’accéder à un renouveau spirituel et social. Victor Hugo déclarera même, après avoir découvert le spiritisme lors de son exil à Guernesey : « Paris est la future capitale spirituelle de l’humanité. » Le mot est dit. Une sélection de très belles illustrations émaille ce livre qui resitue bien l’occultisme et son influence dans notre société.

Essai
Verbes d’Histoire
Essayer de transmettre
De Bernard Lebeau
Éditions LC
450 pages – 20 €

Dernier recueil paru de la série « Essayer de transmettre » les soixante verbes proposés ici sont une invitation au jeu. D’« abandonner » à « unir » en passant par « élire », « explorer », « résister » ou encore « trahir », Bernard Lebeau associe à chacun une personnalité à découvrir. À vous, à nous lecteurs, de lever le voile du mystère. Une approche ludique, qui ne cache pas un regard lucide, rehaussé d’un zeste d’humour sur ceux qui ont fait l’Histoire. 

Essai
Avicenne ou l’islam des Lumières 
De Omar Merzoug
Éditions Flammarion
412 pages – 25 €

« Par ses ouvrages aussi nombreux que variés, Avicenne s’est montré souverain maître en médecine et en philosophie. » Avec cette phrase écrite en 1952, l’universitaire orientaliste Henri Massé n’oublie rien ou presque de ce qu’a été Avicenne (980-1037), de son vrai nom Ibn Sinâ. Certes, il y manque le récit de sa vie, l’ouvrage d’Omar Merzoug combine le tout pour nous offrir un ouvrage savant et passionnant de bout en bout. Rien n’est négligé ici. L’enfant prodige est bien campé, comme ses années de formation, sa soif vorace de connaissance, sa volonté de maitriser tous les secteurs de l’activité humaine, son installation dans la vie et, très tôt l’opposition de certains, religieux bien sûr, qui condamnent son « athéisme » ou prétendu tel. Il est tout simplement un rationaliste qui essaye de comprendre, d’expliquer. Victime de ces fanatiques, il est très tôt contraint à l’errance de contrée en contrée, « ne devant son salut, écrit l’auteur, qu’à sa qualité de brillant praticien », car il a aussi été médecin, et pas des moindres. Dans ce domaine il a laissé une œuvre importante, certes dépassée de nos jours. Il reste surtout ses essais philosophiques, rejetés aujourd’hui encore comme hérétiques par certains, alors qu’ils exaltent la raison et font appel à l’intelligence. Bien sûr Avicenne « croit au Dieu de l’iIslam et des Écritures. » Avec la présentation de l’œuvre du « prince des savants », Omar Merzoug nous ouvre des horizons passionnants, mais il ne néglige pas la vie d’Avicenne, solidement ancré dans la vie de son époque, qui « n’a jamais été un philosophe de cabinet, mais au contraire un homme d’action. » Cette biographie d’un héraut du rationalisme en terre d’islam mérite une lecture attentive. Surtout aujourd’hui. Noël Delomel

Essai
Le MS. Regius
Traduction et interprétation de Philippe Langlet
Éditions Cépaduès
165 pages – 26 €

Faisant partie de ce qu’on appelle les Old Charges ou Anciens devoirs, le MS. Regius est l’un des plus anciens textes fondateurs de la franc-maçonnerie. Philippe Langlet s’est attaché, dans cet ouvrage à retraduire (en proposant en regard le texte original), puis à aller explorer le sens de ce texte clef. Composé de sept cent quatre-vingt-quatorze vers, rédigés par un clerc, le MS. Regius représente le plus ancien témoignage écrit des usages et des traditions de la maçonnerie opérative anglaise. Il se compose d’une histoire légendaire du Métier, avec notamment le rôle d’Euclide, en Égypte, au VIe siècle avant notre ère ; vient ensuite l’exposé des Devoirs, en quinze Articles et quinze Points ; et enfin un appendice contenant entre autres une exhortation sur la messe et la manière de se conduire à l’église, un récit relatif aux Quatre Couronnés, vieille légende populaire du Métier, et un passage concernant la construction de la tour de Babel. Un ouvrage riche d’enseignements, réservé aux initiés et que décrypte pour nous avec précision Philippe Langlet.

 

Et aussi 

Le temps des comploteurs
De Pierre Guelff
Éditions Jourdan

Les outils de l’apprenti
De Thomas Wisniewski
MdV Éditeur

Qui est régulier ? Le pur maçonnisme
D’Oswald Wirth
Symbolon Éditions 

Ce qui nous fait « Humain »
De Claude Saliceti
Numérilivre – Éditions des Bords de Seine

Retrouver cet article

Retrouvez également cet article sur notre magazine n° Magazine N80

Newsletter

Tenez-vous au courant de nos dernières nouvelles!