Société

Nier la réalité ou construire

Hadrian

11 septembre, 13 novembre, inutile de dater ces deux journées comme il l’est tout autant pour celles du 11 novembre, du 8 mai ou de la Toussaint rouge. Ces dates restent en mémoire de tous par ce qu’elles portent de symbolique de la réalité d’une situation incroyable ou imprévisible. Tant il est vrai que la plupart d’entre nous éprouvent beaucoup de difficulté à imaginer la réalité, lui préférant l’illusion entretenue par des discours lénifiants, en trompe-l’œil.

 

J’écris cette chronique alors que la réunion du 19 janvier à l’Assemblée nationale (voir article p7) ne s’est pas encore tenue. Réunion organisée suite aux deux événements tragiques qui ont marqué la France en 2015 ainsi qu’à nos appels publiés dans ces colonnes. Deux événements qui ont joué le rôle de révélateur d’une réalité que l’on voulait à tout prix dissimuler aux citoyens alors même que beaucoup la vivent au quotidien. Et, comme si cela ne suffisait pas, sont venues s’ajouter près de 7 millions de voix en faveur d’un parti aussi honni qu’encouragé. Ainsi, chacun le ressent au plus profond de lui-même, notre République est en danger, à l’intérieur et à l’extérieur. Rien ne sert de le cacher ! Dire, mettre des mots sur les maux. Il faut désormais affronter cette réalité.
Inutile de refaire l’Histoire et d’additionner les erreurs commises au nom de l’électoralisme, de la paresse démocratique ou de la lâcheté intellectuelle. Les bien-pensants, comme les nomme si justement Michel Maffesoli, nous ont imposé un point de vue erroné, comme d’autres le firent pendant plus de 50 ans en invoquant la lutte des classes et en niant un bilan globalement négatif. Aujourd’hui, avant qu’il ne soit trop tard, nous devons nous mobiliser pour combattre et reconstruire. Il y faut de l’optimisme, du courage et de la joie.
La réalité de l’infiltration islamoradicale ne peut plus être niée, que ce soit dans les quartiers de Paris, de Toulouse ou dans les cités des banlieues. Une éducation égalitariste qui a oublié, au nom d’un multiculturalisme dévoyé, de transmettre les bases solides et intangibles de notre pays. Une acceptation du fléau du chômage et un accroissement toujours plus grand des inégalités sociales qui ont conduit deux générations soit à ne plus se reconnaître dans la valeur travail, soit à se vautrer dans les ors, les velours et les dollars d’une richesse sans partage. Un discours intellectuel sans autre consistance que d’échafauder des bons sentiments qui a conduit à commettre des erreurs dramatiques, particulièrement au Moyen-Orient et en Afrique où l’État Islamique totalitaire prospère, franchise, massacre et génocide au nom d’un Allah dont ils ignorent l’Amour. Voici donc le terreau sur lequel nous devons travailler. Le chantier est immense. Les dangers tout autant. Les Français l’ont compris. 
Les francs-maçons, dans leur ensemble et tous ensemble, sont appelés à travailler, pour combattre et porter en actes leurs valeurs qui ont permis de construire 150 années de République sinon de Démocratie. Certes, chaque obédience a une démarche propre. L’une est de nature spirituelle, l’autre sociétale ou encore à la fois spirituelle et sociétale. Là n’est plus la question ! À l’instar des aumôniers de guerre ou des prêtres ouvriers, les maçons peuvent élever leur spiritualité en la mettant au service d’idéaux humanistes.
Travailler sur l’éducation, la formation, la sécurité, la pauvreté, l’écologie, le partage des richesses et l’urbanisme peut être fait par des politiciens et des technocrates. Si on n’y ajoute des philosophes et des spiritualistes, alors le résultat est patent : il est ici, sous nos yeux. Rien ne sert de le nier. Il me semble que le devoir d’un franc-maçon est de s’intéresser à tous ces sujets afin qu’ils soient traités non pas seulement en objectif de profit et en termes d’économie, mais en objectif d’amélioration de la société et en termes d’humanité. En cela, le travail de Corinne Lepage pour établir une base des Droits de l’Humanité mérite beaucoup d’attention et de soutien.  
De façon concrète, les francs-maçons peuvent agir à titre individuel, cela va de soi, mais aussi collectivement. Des groupes d’action humaniste interobédientiels peuvent être constitués pour épauler les éducateurs, les visiteurs de prisons ou encore les formateurs, de même que fut créée La Poignée de Mains pour venir en aide aux chômeurs francs-maçons. Ils peuvent combattre l’intégrisme radical en participant au débat mené par des imams ou des prêtres, mais aussi en appliquant la méthode maçonnique pour organiser le débat politique. Le chemin sera long et rude. Est-ce une raison pour ne pas l’entreprendre ? Est-ce pure mythomanie ou rêve inaccessible de même que l’étoile de Brel ? Si de Gaulle, Churchill, Mandela et tant d’autres avaient répondu oui à ces questions, nous aurions perdu notre liberté et notre fraternité. Voir et dire la réalité, résister à l’abandon sont loin d’être une utopie, car c’est par la résistance, c’est-à-dire en acceptant d’être minoritaire et utopiste, que la construction d’un monde meilleur est possible. 

 

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