Tradition

Le soleil, la lune, mais qui est le maître de la loge ?

Il est assez commun de dire que les francs-maçons recherchent la lumière. Ainsi, en parlant du soleil, de la lune et du maître de la loge, tout maçon est censé savoir à quoi ces éléments font référence. Mais est-ce vraiment le cas ? 

 

Présents physiquement, mais aussi dans les instructions en questions et réponses, le soleil, la lune et le maître de la loge peuvent parfois sembler curieux dans leur assemblage. En effet, que le soleil et la lune éclairent la terre, soit. La lune reflétant les rayons du soleil, elle rayonne d’une certaine manière. C’est astronomique. Mais pourquoi ajouter ce maître de la loge ? Pour le comprendre, il convient de revenir aux origines de la présence de ces trois Lumières dans les textes fondateurs, et avant 1730, la chose était bien confuse.  Ainsi A Mason’s examination (1723) parle du maître, du surveillant et du compagnon. On a ainsi ici un éclairage spirituel qui se retrouve également dans The grand mystery of free-masons discover’d (1724) où ces trois lumières représentent le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Mais d’autres manuscrits antérieurs sont plus concrets, comme le Ms Sloane 3329 (circa 1700) qui donne deux lumières : « une pour voir quand on y va, et une autre pour voir quand on travaille ». Mais alors, d’où vient cette association du soleil, de la lune et du maître de la loge ? Eh bien très probablement d’un mariage de la logique, et de la connaissance religieuse du XVIIIe siècle. Depuis les premiers siècles du christianisme, la crucifixion de Jésus est représentée avec un Jésus en croix dont la tête est entourée de deux éléments : le soleil et la lune (ou parfois des anges). On retrouve ainsi ceci dès le VIe siècle dans les Évangiles de Rabula, une version syriaque des évangiles (fig 1). On y voit ainsi un Christ triomphant avec son auréole, et ses deux co-condamnés, une lune à la gauche de sa tête, un soleil à sa droite. Ce qui est d’ailleurs original, car dans toutes les représentations ultérieures, comme dans la version de Raphaël (fig 2) ou bien de Francesco di Stefano Pesellino (fig 3) le soleil est à gauche tandis que la lune est à droite. La Bible nous éclaire sur ce choix graphique. Genèse 1 : 16 « Dieu fit les deux grands luminaires, le plus grand luminaire pour présider au jour, et le plus petit luminaire pour présider à la nuit ; il fit aussi les étoiles » (fig 4). Ainsi, en représentant Jésus crucifié avec autour de lui le soleil et la lune, les peintres et commanditaires religieux identifiaient Jésus à Dieu. Par extension, les maçons reprirent pour eux cette iconographie, et il faudra attendre la fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle en France pour que le Régulateur du maçon déchristianise ceci, précisant : « Que le Soleil préside ou éclaire le jour, la Lune la nuit, & que le Vénérable gouverne la loge ». 

 

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