Dans l’esprit du public, le compagnonnage passe pour être l’héritier par excellence des bâtisseurs de cathédrales et, par ce biais, des bâtisseurs antiques. Pour les francs-maçons, les compagnons, quels qu’en soient les métiers, sont des « cousins », détenteurs de secrets qui se seraient perdus lors de la naissance de la maçonnerie spéculative. Parmi ces secrets opératifs, quoi de plus noble, de plus mystérieux et en même temps de plus « rationnel » que les arcanes de la géométrie ? Mais, comme nous allons le voir, ces secrets — et l’attrait irrépressible des francs-maçons pour le mystère — peuvent aussi être prétexte à fabriquer par inadvertance de nouvelles croyances.
S’il est exact que les bâtisseurs d’antan témoignent au travers de leurs réalisations de compétences remarquables en matière de géométrie et de stéréotomie , devons-nous pour autant laisser notre imagination gambader et penser que ces connaissances sont héritées d’une tradition orale, secrète et remontant pour le moins aux pyramides d’Égypte ? Et qui serait toujours intégralement transmise aujourd’hui ? Devons-nous évoquer le « TRAIT » (en capitales dorées) en prononçant le mot avec emphase, tout en roulant les yeux jusqu’à l’extase de crai